Forêt de Verrières-le-Buisson

Je me glisse dans mon affût avec le secret espoir de revoir la buse et l’épervier.

La fois dernière ils s’étaient posées juste devant mais un peu trop haut pour une photo. La buse m’avait immédiatement repéré, pourtant mon camouflage l’empêchait de m’identifier. L’épervier n’avait même pas daigné me jeter un coup d’œil, trop occupé à trouver l’oiseau dont il allait se régaler. Reviendront-ils aujourd’hui ?

Le brouillard s’immisce entre les troncs et envahit la forêt immobile. Le rouge automnal se mélange au bleu brumeux.

Les pigeons ramiers s’accumulent à la cime d’un grand chêne. Un téméraire s’envole pour se percher sur un tronc étouffé de lierre devant mon affût. Les autres pigeons le rejoignent un à un. Puis l’un d’eux s’en va plus loin pour picorer au sol dans les feuilles humides. Ses compagnons le suivent peu après. La dynamique de groupe a toujours besoin d’un leader ou d’un aventurier.

Un pigeon plus prudent ou plus peureux reste au-dessus sur une branche. D’un coup, tous s’envolent. Derrière eux une grande buse s’est posée sur un arbre. Les geais hargneux la prennent aussitôt comme cible. Elle s’envole immédiatement vers un autre coin de la forêt. Cette parcelle est celle des geais ce matin. Les gardiens veillent, la buse ne s’approchera plus de la matinée.

Une mésange bleue se pose sur mon filet de camouflage face à mon visage. On se regarde, on s'étonne. Au lieu de déguerpir, elle rentre dans l’affût pour inspecter derrière moi la charpente faite de vieux bouts de bois pouvant receler quelques insectes délicieux.

Je la laisse inspecter les lieux et me concentre vers l’extérieur. Le brouillard et le froid viennent et repartent comme une marée forestière.

A gauche de l’affût, un éclair brun surgit. Un chevreuil passe devant moi à quelques mètres. Il ne me voit pas. M’a-t-il senti ? Peut-être, mais la forêt doit être imprégnée des odeurs des randonneurs, joggeurs et cyclistes. Le chevreuil s’est accoutumé à cette forêt périurbaine. Débusqué par un chien, il s’en va chercher une autre cachette pour se reposer. La chouette hulotte, elle aussi, rouspète au loin, dérangée par les geais qui la houspillent. Son hululement passe derrière le fort sur ma droite. Les geais reprennent position dans les sommets embrumés des chênes qui les nourrissent.

La buse et l’épervier ne se sont pas approchés. Ils reviendront une autre fois. Et moi aussi.

Le rouge-gorge, lui, reste quadriller la zone au ras des arbustes dénudés.