Le rouge et le noir
Le cri du pic noir résonne dans toute la futaie ce matin. Il fait écho à son cousin le pic épeiche dont les rémiges noires piquées de blanc s'agitent sur une branche morte d'un vieux charme.
La mésange à longue queue arbore elle aussi un ramage noir qui recouvre un ventre gris-rosé.
La grive musicienne brune au ventre tacheté préfère le noir des sous-bois et des racines.
Depuis une heure déjà, un écureuil se promène au sol, soulève les feuilles mortes, grignote les friandises qu'il déniche. Confiant, il profite du soleil qui le réchauffe, à une vingtaine de mètres de moi.
Je vois soudain au loin, dans le fond des bois, surgir une buse qui vole au ras du sol. Elle s'approche sans bruit en planant lentement. Je ne saisis qu'au dernier instant le but de sa percée : l'écureuil est dans sa ligne de mire.
De dos, le mammifère ne voit pas le rapace approcher. Mais il se retourne lorsque les serres sont sur le point de le transpercer. La réaction attendue serait qu'il aille se cacher dans un trou d'un arbre. Mais non, l'écureuil préfère aller se mettre simplement derrière le tronc le plus proche. Il aime le cache-cache. La buse se pose sur une souche devant moi et repart aussitôt voir derrière ce tronc. Joueur, l'écureuil fait le tour de l'écorce. La buse s'en va, comprenant vite qu'elle n'est pas assez rapide pour attraper cette proie.
L'écureuil reprend son repas à terre puis remonte au soleil dans les hauteurs.
La buse était trop lente pour l'attraper, c'eût été une autre affaire avec le véloce épervier ...