Maître Renard
Maître renard, sur sa botte perché,
Perçut un soir photographe approcher.
Hésitant et tournant, il choisit de trôner.
Il est maître en ces lieux mais l'affût peut rester.
le renard délaisse finalement son trône du cœur joli, et s'en va se cacher dans la haie.
Je m'installe au plus près mais pas trop.
Derrière mon filet de camouflage, je suis aux premières loges.
Le renard ressort de la haie. Je déclenche, il entend l'appareil et se tourne vers moi. Un bruit de craquement parmi d'autres aux alentours.
Il poursuit lui aussi ses observations, dans la pâture qui s'éveille.
Enfin, le renard repart se reposer laissant son royaume au peuple des prés.
Les lièvres gambadent prudemment.
Les ramiers picorent fébrilement.
Lendemain, fin d'après-midi.
Au fin fond d'un autre pré, derrière une botte se lève un renard.
Le même ? Un autre ? je ne sais.
Je prends mon appareil et mon filet, et tente une nouvelle stratégie d'approche : piquer droit devant, en veillant à marcher dans l'axe d'une botte me cachant du renard.
Je m'approche, je m'approche, de plus en plus lentement à force d'approcher.
Je décide finalement de m’asseoir, comme cela au milieu du champ en plein soleil, juste avec mon filet sur l'appareil et sur moi, bien visible.
J'attends que renard sort de derrière son rouleau de foin.
Ce qu'il finit par faire.
Et repère tout de suite cette forme obscure à vingt mètres, qui semble s'animer de temps en temps de petites ondulations malgré l'absence de vent.
Lui aussi est curieux. Il s'approche, il hume, repart, revient.
Mais qu'est-ce donc que ce clic-clic qui provient de cet arbuste si bizarre ?
Il s'approche mais ne franchira pas la dernière dizaine de mètres qui nous sépare.
Intrigué, il préfère néanmoins passer dans le champ de maïs voisin.
Et je repars de mon côté tout ému par cette rencontre inattendue ...
Je le recroiserai le soir même dans le jardin, sortant du bois à la nuit tombée.
Sans filet, j'écoute alors les jeunes chouettes hulottes et effraies qui rivalisent de chuintements et de cris assourdissants.
Le renard s'arrête à trois mètres de moi, me regarde et dévie légèrement sa trajectoire pour poursuivre son chemin. On n'est jamais trop prudent.