Chronique du Cœur Joli
Quand je m'installe ce matin derrière mon filet de camouflage, seul un vanneau huppé garde la pâture du Cœur Joli.
La brume froide fige la nature en un tableau aux couleurs délavées.
Soudain un feulement retentit. Avec mes jumelles, je balaie le pré vide. Et j'aperçois un renard couché dans les herbes, devant un monceau de terre fraîche. Harassé par le creusement de son nouveau terrier, l'animal se repose.
Deux pies bavardes approchent. Elles viennent saluer ce nouvel habitant de leurs cris stridents. Mais le renard n'en a cure. Il dort.
Plus tard, cinq corbeaux prennent d'assaut la parcelle, à grand renfort de croassements.
Le renard se réveille immédiatement : pas de fromage en vue ? Jean de La Fontaine ne racontait que des fables !
Des pigeons ramiers se posent timidement dans les herbes. D'abord quelques individus puis une déferlante de plumages gris, une cinquantaine de columbidés fouille le sol. Puis ils s'envolent tous dans les arbres. Un jappement se fait entendre dans la haie. Un nouveau renard ? Il n'apparaîtra pas.
Des branches, les ramiers redécollent en panique. Cette fois-ci, le coupable se montre en rase-mottes : l'épervier fonce vers mon affût puis disparaît derrière moi dans le bois qui pépie d'affolement.
Le calme revient.
Un faucon crécerelle se pose en haut de la haie.
Suivant la rivière de la Braye, deux grandes aigrettes apparaissent, majestueuses silhouettes blanches dans l'entrelacs des saules et des peupliers.
Des grives arrivent à leur tour au sol : mauvis et musiciennes, elles avancent dans les herbes. Plus loin, les pies et les corneilles sont aussi à leurs recherches. Enfin un faisan de Colchide s'invite au festin.
Le paradis du Cœur Joli comble les animaux comme le photographe ...